
Si pour Lord Snowden « la première victime d’une guerre, c’est la vérité », force est de reconnaître que la Maskirovka est une spécialité Soviétique.
Art du camouflage porté à son plus haut niveau, du mouvement de troupes à la stratégie, la Maskirovka exige de ne jamais admettre ses véritables intentions et d’avoir recours à tous les moyens politiques et militaires possibles pour tromper l’ennemi et garder l’initiative.
L’art de la Maskirovka, aussi bien partagée en Ukraine qu’en Russie, nous assure que nos surprises ne font que commencer.
Nous, Occidentaux, avons voulu oublier que l’Histoire est tragique et ainsi éviter le contact avec le Réel. Nous avons, encore une fois, préféré Sartre à Aron (1).
Nous continuons à raisonner en termes de prise de risque alors que l’essentiel est de réduire la fragilité de notre organisation, de notre patrimoine, ainsi que je l’argumente dans mon dernier ouvrage, Futurable (2).
J’aime cette citation d’Erwin Schrödinger (vous savez, l’homme au chat dans une boîte) « la tâche n’est pas tant de voir ce que personne n’a encore vu, mais de penser ce que personne n’a encore pensé, sur ce que tout le monde voit ».
Tout comme le ressort essentiel de la vie n’est pas ce qui nous arrive mais la manière dont nous répondons à ce qui nous advient, la connaissance n’est pas fonction de la donnée mais de comment nous percevons la donnée.
Si, pour la guerre en Ukraine, je vous conseille les analyses militaires de Michel Goya et pour la Maskirovka l’excellent livre Tempête Rouge de Tom Clancy, pour savoir il nous faut agir et non pas savoir pour agir afin de nous confronter au Réel et ainsi rendre nos activités moins fragiles.
Nous colleter au réel en nous « passant l’œil au papier de verre » (3), investir en préparation et non en prédiction, ne faire confiance qu’à ceux qui « risquent leur peau » (4).
Il nous faut aller au-delà des concepts et des mots valise à la mode, tels que l’Innovation, l’Intelligence Artificielle ou les Réseaux sociaux, qui ne riment à rien si l’on ne les raccroche au réel.
C’est ce sur quoi je vous invite à vous focaliser en 2022.
Une année qui s’annonce difficile avec la pire baisse de pouvoir d’achat depuis 50 ans annoncée ce jour, le 8 mars, par la BBC et qui va révéler ceux qui sauront rester collés à la réalité car, pour citer Warren Buffet, « c’est quand la mer se retire qu’on voit ceux qui se baignent nus ». Le monde éthéré des concepts et des solutions toutes faites, celui du piège abscon, va devoir faire face à la dureté du Réel.
Le modèle de l’Innovation est, par exemple, un non-sens car il ne propose pas de méthode efficace pour aller vers l’inédit. Il ne fait qu’habiller de nouveaux oripeaux une pratique vieille comme le monde, ainsi que je le montre dans cet article du Journal du Net.
Quant à l’Intelligence Artificielle, mon article de 2018 Entre hubris et amalgame, à qui profite la confusion de l’IA ? est toujours d’actualité.
Pour les Réseaux sociaux, je reste sidéré par la magie qui continue de les entourer.
Hier encore, le CEO d’un Groupe m’annonçait investir lourdement dans les réseaux sociaux plutôt que de prendre du recul sur ses objectifs et sa stratégie. Or, ainsi que nous le montre le dernier baromètre de la confiance d’Edelman, le niveau de défiance continue à s’aggraver. La confiance devient plus précieuse que l’attention.
C’est alors jeter son argent par les fenêtres que de travailler sa notoriété, si l’on n’a pas assuré au préalable ses axes de crédibilité et d’attractivité (voir la fameuse matrice RACE).
Et si, toujours selon Edelman, la crédibilité est basée avant tout sur le bouche à oreille, savez-vous quel est son 1er vecteur de diffusion ?
Facebook, Instagram, Twitter, Twitch ?
Non !
65,6% du bouche-à-oreille sur les Marques a lieu… en face-à-face !
Quoiqu’essayent de nous faire croire Facebook et ses affidés, les agences de communication digitales, c’est cela la réalité des réseaux sociaux ! (5)
En 2022 de nouveaux mots valise continuent à se déverser, n’en soyons pas dupes : NFT, Metaverse, Web3, Cyber Risque… sont autant de promesses que de distracteurs.
Avec Gérard HAAS de HAAS Avocats, nous avons choisi ces thèmes pour nos prochains webinaires (6) afin d’aller au-delà du hype, d’en comprendre la réalité, tant stratégique, marketing que juridique.
Une manière pour Gérard et moi de mener notre lutte contre la Maskirovka qui n’est pas, convenons-en, uniquement l’apanage des anciennes républiques soviétiques.
Dans la lignée de mon article paru sur le JDN, NFT en BtoB, mirage ou oasis ?, nous débuterons cette session 2022, jeudi prochain à 11h00, par un webinaire sur Les Véritables Enjeux des NFT(7).
Je vous y proposerai une matrice d’opportunité des NFT ainsi qu’une trame d’analyse pour en évaluer l’impact sur votre proposition de valeur.
Au plaisir de vous y retrouver.
Inoxydablement vôtre,
Jean-Paul CRENN
PS : une découverte musicale à vous partager (au nombre de vues sûrement pas très original de ma part…) et dans la série « t’as vu sur Youtube » cette dame à la cuillère est impressionnante ! c’est ainsi que cela devrait toujours être…
(1) Je vous conseille ce bel article publié sur Synopia : Aurions-nous oublié que l’Histoire est tragique ?
(2) Comment ? Quoi ? vous ne l’auriez pas encore lu ! Voici où vous pouvez l’acheter.
(3) Pour reprendre le conseil de ce photographe si élégant et si Français qu’est Jean-Loup Sieff, malheureusement bien oublié, pour nous débarrasser de nos habitudes visuelles et « voir à nouveau » le monde qui nous entoure.
(4) Voyez ces gâchis que sont les Marketplaces locales promues, avec notre argent, par nos élus : cf mon interview dans La Tribune.
(5) Et le souci avec les Réseaux sociaux est empiré par le manque de diligence de ses annonceurs, voyez mon article sur Les Echos, Réseaux sociaux : les influenceurs, la bulle qui fait pschitt !
(6) La vidéo de nos choix (palpitante mais uniquement si vous êtes à l’aéroport avec 10 minutes à perdre)
(7) Plus de 300 inscrits, ne restez pas seul, rejoignez-nous ! (vous aurez le bénéfice du Replay si vous n’êtes pas disponible ce jeudi à 11h00 ce qui, entre nous, peut tout à fait se comprendre)
Nota : Je n’ai toujours pas oublié la demande de certains d’entre vous, chers lecteurs, pour que j’argumente le fait que les Marques sont mortes et que le Produit est conquérant. J’y reviendrai, c’est juste sur la liste des tâches toujours en retard !
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