Le métavers de demain est-il celui d’hier ?

Le Métavers, l’Internet de demain ou celui d’hier ?

HEC Stories, le magazine des alumni HEC, a publié la chronique de Jean-Paul CRENN sur la réalité de ce que fut, est et sera, peut-être, le métavers.

Depuis quelques mois le “métavers” est sur toutes les lèvres. Sans réellement savoir de quoi il s’agit, les entreprises y voient un tremplin dans leur développement tandis que le commun des mortels un échappatoire. Du metavers à toutes les sauces mais dont l’origine et les finalités demeurent floues.

Décrit dans Snow crash de Neal Stephenson il y a 30 ans, le fantasme a continué en littérature comme dans le 7ème art. Matrix, Ready Player One, Tron, Inception ou encore le français L’Autre Monde, la liste est longue et les univers si immersifs qu’il est difficile de les différencier de la réalité. Leur point commun ? Être des univers de synthèse où la 3D a pris le pas. Les utilisateurs évoluent en réseau dans des corps qui ne leur sont pas naturels, ils peuvent se déplacer, échanger avec des amis, assister à des conférences ou des concerts, sans pour autant physiquement bouger de leur canapé.

Penser que le métavers est lié à l’immersion audio et visuelle est extrêmement réducteur. Il faut considérer que c’est un monde virtuel en 3D immersif mais pas forcément un monde via un casque comme l’insinue Meta. Les univers d’Inception ou de Matrix en sont les parfaits exemples. Folies issues de l’imaginaire de génies, elles n’en sont pas moins apparentées à la grande famille du métavers. Et bonnes ou mauvaises, là n’est plus la question, pour reprendre les mots de Neal Stephenson “le metavers n’est ni dystopique ni utopique, mais il a « le potentiel d’être l’une ou l’autre »”.

Le métavers d’aujourd’hui est un peu comme l’internet à ses débuts. Personne ne l’avait prévu, mis à part les ouvrages de science-fiction, et une guerre de pouvoir s’en est suivie. Dans les années 70, une certaine rivalité entre les réseaux s’était installée, pour que finalement le plus ouvert et le plus simple parachève de rayer tous les autres de la carte : internet était né ainsi qu’un premier axe dans l’autoroute de l’information.

Aujourd’hui, une même rivalité s’est installée concernant le métavers. Depuis 2021, Meta entreprend de prendre la main, et nombreux sont ceux qui pensent à tort que Mark Zuckerberg en est le créateur. Pourtant, que ce soit chez Microsoft, ou Roblox, les mondes virtuels existent déjà. Même Google map est un univers 3D pouvant faire partie de la génération métavers. Il faut bien comprendre, aussi bien qu’il n’y a qu’un seul internet mais plusieurs services différents, il n’y a qu’un seul métavers et plusieurs mondes virtuels. Quoiqu’en dise Meta…ils ne sont pas seuls sur ce marché, et le métavers de demain a peu de chances de ressembler à celui d’aujourd’hui. Finalement, pour paraphraser Paul Valéry “nous savons que les civilisations sont mortelles”, et chaque empire chute un jour. Il n’est pas possible d’imaginer le grand gagnant de la guerre du métavers, tant il est difficile d’anticiper les évolutions annexes. La direction est prise, et si l’histoire peut nous enseigner quelque chose : c’est rarement celui à qui l’on pense qui l’emporte.

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