
Le Journal du Net (JDN) a publié la chronique de Jean-Paul CRENN sur les dernières évolutions d’IA, les modèles de fondations basés sur l’apprentissage profond.
Aujourd’hui les artistes, les écrivains et programmeurs, ceux dont les métiers classifiés comme heuristiques étaient supposés être à l’abri des algorithmes car basés sur l’exploration de nouvelles solutions ne sont plus en sécurité face à une intelligence capable de finir des phrases en utilisant une meilleure tournure, ou d’utiliser un bout de mélodie pour composer une musique cohérente avec une composition de base; ou encore de résoudre un problème en créant des centaines de lignes de code informatique. Une intelligence de plus en plus créative mais qui copie l’humain.
Jusqu’où iront les algorithmes ?
Peuvent-ils aller au-delà de la copie, de l’automatisation de processus répétitifs, de la continuité de séquences créées par l’humain ?
Peuvent-ils créer, au-delà de notre intelligence ?

Luc Julia, co-créateur de Siri, a proclamé que «Rien ne dépassera jamais l’intelligence humaine. Les IA n’inventent rien, ne créent rien». Pourtant, dans les faits, les algorithmes prennent de plus en plus de place dans le quotidien des humains, si bien que les métiers manuels répétitifs ne sont plus seuls impactés par la prise de pouvoir des machines.
Longtemps, l’automatisation a fait trembler l’industrie et les personnes occupant un emploi répétitif, ceux que les spécialistes du comportement humains nomment justement « algorithmique ». Ces métiers consistent à suivre une série d’instructions pour arriver à un résultat unique et peuvent, sont et seront en effet remplacés par des algorithmes. Adieu comptables et autres caissiers.
Mais aujourd’hui les artistes, les écrivains et programmeurs, ceux dont les métiers classifiés comme « heuristiques » étaient supposés être à l’abri des algorithmes car basés sur l’exploration de nouvelles solutions.ne sont plus en sécurité face à une intelligence capable de finir des phrases en utilisant une meilleure tournure, ou d’utiliser un bout de mélodie pour composer une musique cohérente avec une composition de base; ou encore de résoudre un problème en créant des centaines de lignes de code informatique. Une intelligence de plus en plus créative mais qui copie l’humain.
Le champ de l’intelligence artificielle va largement au-delà de ce que l’on imagine, mais pas au-delà de tout ce que l’on peut imaginer. Est-ce que les voitures seront totalement autonomes plus tard ? Sûrement pas. Mais vont-t-elles encore gagner en autonomie ? Inévitablement. Le cerveau humain sera toujours supérieur aux intelligences artificielles, mais jusqu’où peuvent-elles aller ?
Les modèles de fondations développés pour les robots dotés d’intelligence artificielle sont la dernière version de l’apprentissage profond (ou deep learning), une technique qui s’impose depuis dix ans et qui domine aujourd’hui ce secteur. Largement inspirés de la structure en réseau des neurones du cerveau humain, les systèmes d’apprentissage profond sont “formés” à partir de millions ou de milliards d’exemples de textes, d’images ou encore de sons. C’est ainsi que vivent Siri et Alexa, capables de reconnaître les voix, de comprendre le sens des phrases et d’y associer une action.
Largement acceptés dans notre société, les algorithmes rythment donc en effet le quotidien des humains, dans l’ombre et parfois de manière autonome. Conçus pour répondre à des problématiques de logique, ces algorithmes sont de parfaits compagnons pour les cerveaux humains. Pourtant l’évolution des modèles de fondations appliqués par les nouvelles intelligences artificielles ravive les fantasmes d’une prise de pouvoir des machines, pouvant peut-être remplacer une grande partie de l’humanité. Ces modèles peuvent se comporter comme des humains sur plusieurs points analysant les suites logiques de tout ce qui nous caractérise, de la réflexion mathématique à l’idiotie de certains.
D’un point de vue extérieur, cela semble dangereux. L’humain d’aujourd’hui a grandi sous les mots de Ian M. Banks et de James S.A. Corey, imaginant des mondes dystopiques où d’autres intelligences pourraient cohabiter. Peut-être est-ce cela le futur, un monde de cohabitation, où les algorithmes loin de remplacer la finesse de l’humanité en seront un parfait complément.
