
Sous nos yeux les valeurs de la Tech s’effondrent. Les cryptomonnaies s’écroulent également, avec dans leur sillage, les actifs basés sur les NFT.
Sous nos yeux la guerre en Ukraine et la Chine qui ne rêve que d’envahir Taïwan.
Inflation et pénurie reviennent dans le langage courant et, depuis qu’un virus microscopique a stoppé la rotation de notre planète, il semble que des vagues successives d’événements imprévus nous submergent.
Car nous avons été éduqués, formés, formatés, « matrixés » dans la croyance que notre monde est stable.
Or la vie, tant biologique, climatique, qu’économique est basée sur des déséquilibres.
La stabilité, elle, c’est la mort.
C’est la raison pour laquelle les économistes se trompent en permanence car ils pensent, dans leur grande majorité, que ce qui leur est demandé est d’aider au retour à un équilibre stable – qui ne peut pas exister.
Comme le disait le joueur de base-ball et, sans doute le meilleur des philosophes nord-américain, Yogi Berra : «En théorie, la pratique et la théorie, c’est la même chose. En pratique, pas du tout».
En pratique, l’incertitude c’est donc la « vraie » vie.
Les théories et les idéaux ne bénéficient qu’à ceux qui les professent.
Notamment, nos outils et concepts pour faire face à l’incertitude sont ceux de la gestion du risque (propres aux situations répétées, qui sont bien rares dans la « vraie » vie) et ne s’appliquent pas à l’incertitude (un sujet que j’ai abordé lors de ma précédente newsletter).
Ils nous conduisent à considérer qu’il faut nous en protéger.
Ce modèle mental de la protection est d’autant plus séducteur qu’il semble logique.
Il est, pourtant, contre-productif voire dangereux.
Face à l’incertitude en général et face à un choc brutal en particulier, la réaction dominante, celle que peut-être vous vivez (ou mettez en œuvre) dans votre entreprise, est celle de la protection et du contrôle. La remise en question des pratiques est rarement envisagée.
A vouloir tout contrôler, pour tout protéger, on finit par s’isoler du réel si ce n’est le refuser (et ainsi tomber dans le fameux « piège abscon »), ce qui accroît le risque d’échec.
L’incertitude est à la fois le danger mais également la source d’opportunités.
L’incertitude existe parce que le futur n’est pas déterminé.
Elle est la condition de l’action humaine.
La maîtrise est une illusion de maîtrise. Les théories sont des recettes qui ne fonctionnent que dans des situations données, celles du passé. Seules des méthodes pragmatiques sont viables car adaptées à des réalités, par essence mouvantes et imprévisibles.
Je vous disais au mois de mars que la connaissance ne précède pas l’action mais que c’est bien l’action qui nous apporte le savoir.
Or nous ne connaissons bien que ce qui nous est proche et ce sur quoi nous avons investi notre intelligence.
Pour citer Warren Buffett (diable, cela devient une habitude…), l’autre philosophe nord-américain, « Je veux pouvoir expliquer mes erreurs. C’est pourquoi je ne fais que des choses que je comprends ».
C’est la raison , afin d’agrémenter les douces après-midi de ce mois de mai, je vous conseille vivement la lecture du livre de Jérôme Fourquet et Jean-Laurent Cassely, La France sous nos yeux. Non pas celle des représentations dont nous et nos politiques avons hérité mais celle du réel.
La France d’après.
Inoxydablement vôtre,
Jean-Paul CRENN
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