Les discussions autour de l’IA se sont focalisées sur la façon dont elle va changer les organisations, le monde du travail, pour ensuite nous anéantir.
Or, comme les grands succès de la Tech ont tous été tournés vers le consommateur final, pour le plus grand bien de leur valorisation boursière. Il est tentant de penser que la cible prioritaire de l’IA sera le grand public.
Le meilleur levier que l’IA va utiliser pour nous convaincre est de nous faire gagner du temps, notre bien le plus précieux, et de nous éviter d’avoir à choisir, ce qui représente une perte de 3 ans dans notre vie.
IA génératives, smartphones et haut-parleurs intelligents pavent le chemin des assistants personnels et professionnels, les fameux Agents Intelligents, buzzword de 1997 !
Nous aurons chacun notre fidèle majordome qui organisera notre existence pour notre plus grand bien. Ou pas.
Nous avons appris que toute transformation produit des externalités. Les combustibles fossiles produisent de la pollution, une nourriture plus carnée du méthane et les réseaux sociaux de la haine.
Les Agents Intelligents pilotés par l’IA nous dorloteront et Apple Vision Pro, avec sa promesse d’une nouvelle ère de Spatial Computing (1), nous cocoonera.
Quelle sera l’externalité de ces transformations ?
Ce sera la solitude.
Et comme nous le savons tous, la solitude tue, lentement mais sûrement.
Son ampleur en termes de mortalité sera bien au-delà ce que nous avons connu avec la Covid-19.
ChatGPT + Apple Vision Pro = Covid²
Ce ne sont pas Call Annie ou Replika, nos nouvelles amies IA qui changeront cela. Pas plus que le secteur de la SexTech qui devrait atteindre les 53 milliards de $ d’ici 2026.
La connexion humaine est la raison pour laquelle nous vivons.
L’insertion de l’IA entre nous et ceux qui nous entourent émousse cette connexion.
Sexbots et Assistants IA sont des valeurs sûres mais nous déshumanisent.
Nous ne sommes pas faits pour vivre dans un monde où nous avons des amis mais où ne vivons pas l’amitié, où il n’existe plus de risques inhérents aux relations. Être vivant c’est prendre le risque du refus, de la déception, de l’altérité car sans eux rien de merveilleux, de vraiment merveilleux, ne peut plus arriver.
La technologie apporte de la productivité et pour certains de la prospérité. Il est bien sûr nécessaire d’accepter les évolutions générationnelles, ce que ne fait pas, par exemple, le secteur de l’Industrie, aveugle face aux exigences de la nouvelle génération d’acheteurs.
Mais la joie réside dans l’interaction avec autrui en « présentiel », dans cette mise en danger volontaire de notre ego.
Il ne nous faut pas l’oublier et il nous faut aider nos enfants à l’accepter.
Inoxydablement,
Jean-Paul Crenn
(1) : Juger du succès ou de l’échec d’un nouvel appareil Apple relève de la gageure. Il suffit de le demander aux innombrables critiques du premier iPhone, du premier iPad et de l’Apple Watch.
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